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Fleur des Sables

Fleur des Sables

Ecriture - Poésie - Carnets de voyages


Incipit

Publié par Lelie des Sables sur 15 Décembre 2006, 16:36pm

Catégories : #Rose des Sables

Incipit, ils ont dit. D’accord ce sera le début d’une nouvelle aventure littéraire à partager. Choisir (comme je déteste ce mot… choix, décision. Décider c’est devenir responsable. Etre responsable c’est perdre sa liberté).

Un début de phrase en feuilletant un livre au hasard ? Se laisser porter par ses désirs ? Ecouter son intuition ? Saisir les signes du destin ?…

Et puis j’ai le flash, je le trouve cet incipit. Je ne sais pas si j’irai jusqu’au bout, si je vais inventer ou décrire, ou détruire ? le voilà, je vous le livre, il est fragile, prenez-en soin.

 

 

" Un œil très noir, un gouffre obscur, le point d’une interrogation. Je cherchais à percer le mystère de cette nouvelle vie. "

 

A peine quelques centimètres, cet œil noir qui me fixe intensément. Notre première rencontre, un peu de toi, un peu de moi pour créer ce miracle de la vie. Qui est-il ? - est-elle ? sera-t-il ? - sera-t-elle ? Dans ma tête, tandis que la sonde se promène sur le bas de mon ventre entraînant et lissant un gel froid sur ma peau, un rapide calcul… plus que 8 mois… 8 mois pour savoir. Il ou elle ?

Quoi d’extraordinaire ? J’ai ce que je voulais et pourtant comment, moi, ai-je pu concevoir cela.

 

Se concentrer sur l’écran. Faire face à la réalité. Regarder, voir, réfléchir, décider.

Ne pas regretter, ne pas pleurer.

Ecouter et ressentir ? ou demeurer sourde et s’éloigner ?…

 

Doucement à mon insu, je m’installe dans un état de bien être, je me déplie, me déploie. Mes seins se tendent et gonflent le pull moulant.

Quelquefois, ta main caressante ralentit et se pose. Instant magique, une douce chaleur m’envahit. Le temps est suspendu.

 

Embarquement pour une croisière. Le capitaine à bord prône la raison, pas de place au cœur ni aux émotions.

Le matin la houle est forte faisant jouer mon corps entre ciel et mer.

Premier rendez-vous, le délai de réflexion, l’écoute des unes et des autres, et moi seule face à ma décision.

Seule et perdue. Eperdue.

 

Toi qui n’as pas le droit à la parole, toi à qui j’impose mon choix, toi que je tue un petit peu en moi.

Ne pas penser. Ne pas s’arrêter.

 

Deuxième rendez-vous, le grand verre d’eau allongé de quelques larmes, le petit comprimé sec et râpeux.

" Vous avez bien réfléchi ? " Oui. Non. Je n’ai pas le choix. Aucune des solutions ne m’apportera satisfaction, avec ou sans.

Oui. Non. Je n’ai pas le choix. Aucune des solutions ne m’apportera satisfaction, avec ou sans.

- Pardon A. je t’aime - mais pas maintenant.

Avaler. Ne plus reculer. Tout stopper.

 

Ce soir, je ne ressens plus rien, plus de présence, que le froid de la mort dans un corps figé.

 

Deux autres comprimés, tout va très vite, devient violence et souffrance. Un corps meurtri, étreint, contraint, tordu de douleurs. Un bulldozer qui retourne mon ventre.

Ta main compatissante - à peine une pression un mot non-dit - se pose sur mon genou replié luttant contre les assauts. Merci d’être encore là. Oui à toute à l’heure. Peut-être.

 

" Prend soin d’elle ". La porte se referme sans bruit.

La porte se referme sans bruit.

Oui elle est là, avec moi. L’amie.

 

C’est fini. Reste un corps échoué, survivant - mort-vivant - d’un raz de marée dont je ressens encore des lames de fond ouvrir mes entrailles.

 

Tu es revenu, je me serre plus fort que possible.

Tout contre toi à ne plus faire qu’un.

En tuant, j’ai fait naître l’amour.

 

Ne pas pleurer. Ne pas regretter.

 

 

Deux yeux très noirs, gouffres obscurs se fondent dans mes iris bleus.

Blottie dans tes bras, j’ai moins mal.

 

 

 Valérie-Anne W.

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