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Fleur des Sables

Fleur des Sables

Ecriture - Poésie - Carnets de voyages


Nouvelle année

Publié par Lelie des Sables sur 17 Février 2007, 12:03pm

Catégories : #Fleur des Sables

Une nouvelle année.

Elle a débuté par un matin de pluie voilé d’un ciel jaune de gris comme une sale boue. J’ai pas aimé, cette couleur. Pas aimé du tout…

Assise derrière les vitres, vue sur l’ailleurs, trop loin, je constate à quel point je ne vais pas au bout des choses, prend la fuite au dernier moment.

Je commence l’année la peur au ventre, sans projet. Je vais vraiment mal, de partout, de tout.

JE N’AI PLUS ENVIE. On dit avoir en attendant de dire être.

J’aimerais qu’un jour ces cahiers et carnets sur lesquels ma main a couru à s’essouffler, me succèdent. C’est ça peut-être la trace à laisser en partant, pour qui saura décrypter et dénouer les fils emmêlés de mon existence. Si insignifiante soit-elle. Il y en a qui aiment ça, pénétrer dans l’intimité des journaux d’inconnus.

Je viens d’avoir 40 ans et j’ai tout gâché.

Si vous lisez ces lignes, là, maintenant, comprenez que la fiction est entre parenthèses, je vous en supplie aidez-moi avant le plongeon final, fatal.

Je pourrais vous parler de l’Enfer, je n’arrive pas à admettre que c’est fini pour toujours.

Je suis partie.

Ce lundi 18 septembre, Il a même aidé les déménageurs.

J’avais l’impression curieuse qu’un taxi m’attendait en bas pour m’emmener vers une destination nouvelle à temps compté. Ce n’est pas des cartons que je voyais s’accumuler devant mes yeux mais des valises et des bagages.

Je me demandais ce qu’il se passait, ce que j’étais en train de faire.

Le taxi me déposerait, je monterais dans le train, indécise, étonnée.

Je me disais seulement à cet instant où je m’en allais " on ne peut pas sauter d’un train en marche mais tu verras il y aura une gare, et un quai en face pour faire demi-tour "….

Dans ce chaos, à travers les vitres brouillées où des larmes de pluie venaient mourir, je guettais la gare.

J’avais quitté le VSOE pour un tortillard de brousse et la nausée s’était installée au fur et à mesure que le train filait.

Et puis il y eu la gare, mon cœur battait fort, le rail gémissait. Je n’avais aucun billet de retour encore moins de permis de séjour. Je prenais ma fierté et la rangeait au fond de mon sac plaqué contre mon dos.

Ces 3 mois passés où je n’ai eu d’autres pensées que de revenir, je n’étais que l’invitée ou plutôt l’imposée. J’entrais, souriais, m’installais, différemment certes. Chez nous était devenu chez lui, je n’étais plus tout à fait chez moi.

Un soir n’en pouvant plus, j’ai envoyé un signal de détresse sans lendemain. J’ai déduit qu’il était arrivé par le vide suscité. J’ai eu encore plus mal.

Je venais de traverser pour rejoindre le quai d’en face. Hélas, je n’avais pas l’autorisation de revenir. Pas le droit de n’avoir pas fait le bon choix.

Voilà, j’ai eu 40 ans, je ne ferai plus jamais rien maintenant. C’est fini pour moi.

Cette date-barrière m’angoissait. Un cap infranchissable…

J’étais obligée d’en passer par là alors j’ai voulu donner un autre sens à la fatalité. Que cette année 2006 soit mémorable, qu’elle me prouve ma capacité à créer quelque chose - j’entends en écho le fameux qu’est-ce que tu as fait de ta vie, sur un coin de table de bistrot derrière les volutes de fumée d’un café brûlant - juste avant les 40, après ce serait trop tard, on est devenue vieille.

A l’aube de la date fatidique, j’ai voulu tout bouger, changer, secouer et j’ai abîmé, cassé, tué.

Agenouillée dans un coin parmi les débris, je pleure sur le gâchis.

J’ai eu 40 ans, je n’ai rien senti dans mon corps - je rêvais d’apprendre la valse pour fêter cet anniversaire au Bal de l’Empereur à Vienne…

… je me suis couchée très tôt dans des draps glacés, recroquevillée les genoux sous le menton, j’ai laissé s’échapper mon malheur, l’oreiller s’est fait éponge.

Pas une sonnerie de téléphone n’a retentit.

" si tu as des problèmes d’argent, je peux encore t’en donner… ", non, non vraiment ce n’est pas cela.

J’aurais juste besoin de ta compréhension pour que tu saches quel ouragan j’ai traversé cette année.

J’aimerais faire confiance à l’amie qui me dit " moi, je crois en Dieu, donc je prie. 20 ans cela vaut la peine de se battre ".

De se battre… Je vois des guirlandes de cœurs roses sortir de la Kalach, s’envoler vers un ciel si bleu qu’on dirait la mer à l’envers.

Alors pour ne pas tout à fait mourir, je prends le métro. Il m’emporte. Des inconnus montent et descendent, créent un tourbillon de vie autour de moi, les affiches colorées lancent des invitations, les couloirs mènent à d’autres quais, des sorties , des correspondances… je vais encore écrire un peu au gré des lignes. J’aime bien la 2 - elle n’est pas seule au moins - " Nation par Barbès ", elle cotoye le Montmartre des artistes et de la bohème et surtout elle passe par Belleville… belle ville. C’est vrai, c’est beau Paris.

Valérie-Anne W.

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J
Bien triste, mais bien beau, ce texte. Mais la déprime conjoncturelle, ça passe.<br /> Sur la trace qu'on peut laisser, je suis sceptique... Des échos, sûrement. Mais le propre de l'écho, c'est de mourir, à la longue.<br /> Et puis, on ne rate jamais tout.<br /> J.<br />  
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