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Fleur des Sables

Fleur des Sables

Ecriture - Poésie - Carnets de voyages


Passants

Publié par Lelie des Sables sur 4 Novembre 2006, 11:55am

Catégories : #Fleur des Sables

Ils promènent tous quelque chose, quelqu’un, histoire d’être reliés, de tenir, de mener, de garder le contact entre eux et l’autre.

 

Les uns tirent un chien par la laisse, les plus âgés se laissent guider par le compagnon. Celui-ci parfois fait une pause, jette un coup d’œil derrière pour vérifier que la vieille suit, d’un pas peu assuré et claudicant mais qu’elle est bien là.

Il y a les embarrassés, quand le chien s’arrête le long d’un mur, lève la patte ou s’accroupit. Le maître tourne la tête, feint d’étudier le style architectural de la fenêtre du 2ème étage comme si le passant était dupe de cet intérêt soudain pour les ferronneries d’art des façades d’immeuble.

 

Certaines conduisent des poussettes, démarche lente et régulière, un bercement pour l’enfant qui ne crie plus et appréhende le monde à sa portée, ouvre des yeux étonnés sur l’inconnu, l’habituel, le mouvant.

Ces femmes ont la nonchalance des mères comblées par ce fruit semé une nuit d’été.

 

Un homme, proche de la quarantaine, pousse un fauteuil roulant, propulsant vers l’avant un vieux monsieur - son père, peut-être - condamné à se souvenir qu’il a eu des jambes pour suivre sa route, libre.

 

Et lui, veste avachie au tissu élimé, déstabilisé par ses quintes de toux, il traîne sa misère à chaque pas, si lourde que ses épaules se courbent sous le poids de cette morne existence.

 

Des gamins sur leur vélo ou leur patinette, épris de vitesse, s’interpellent en criant.

 

 

Toi, enfin.

Tu passes lentement plusieurs fois par jour, une vie rythmée par les courses, l’école, le quotidien.

Toi, sans un regard. On dirait que c’est pour mieux attirer l’attention cet air de ne rien voir, ne rien percevoir, rester étranger.

Ta maigreur surprend, ton visage aux traits saillants est grave, on lit une pointe d’ironie dans tes yeux aussi obscurs que tes sentiments.

Quelquefois, tu parles, à peine un sourire s’ébauche sur tes lèvres.

J’ai envie de pousser cette drôle de barrière qui fait obstacle à tes mots.

Tu marches, l’air triste. La petite fille aux boucles brunes se presse à tes côtés, rieuse, sautillant dans la rue, presque insouciante. Sous son apparence puérile et innocente, on devine des moments difficiles.

 

S’il te plaît, tu t’arrêteras un jour pour me raconter ?

 

Valérie-Anne W.

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